L'Imitation de Jésus-Christ

Traduction de Lamennais
Réflexion de Lamennais - Livre 3, Chapitre 47
Quand la vie nous paraît pesante, quand nous sommes près de succomber à la tristesse de l'exil, levons les yeux et contemplons l'aurore de notre délivrance; car cette enveloppe mortelle s'en va se détruisant, mais l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Attendons, souffrons en paix; l'heure du repos approche.

Les légères tribulations de cette vie d'un moment, nous élevant sans mesure, produisent en nous un poids éternel de gloire. Qu'importe un peu de fatigue, un peu de travail sur la terre ? Nous passons, et n'avons point ici de cité permanente. Jésus est allé devant pour nous préparer une demeure en la maison de son Père; et puis il viendra et il nous prendra avec lui, afin que là où il est, nous y soyons aussi. O Jésus ! O mon Sauveur ! Mon âme languit après vous, elle vous désire comme le cerf altéré désire l'eau des fontaines. Venez, ne tardez pas !

Loin de vous nous sommes assis dans l'ombre de la mort. Hâtez-vous, Seigneur; faites luire sur nous la lumière de votre face, et qu'elle nous guide à la céleste Jérusalem, au pied du trône de l'Agneau. Là, dans le ravissement de l'amour, dans l'immortelle extase de la joie, les chours des Bienheureux, mêlés aux chours des Anges, célèbrent le Dieu trois fois saint. Et moi, Seigneur, sur le bord des fleuves de Babylone, j'ai pleuré en me ressouvenant de Sion. Console-toi, mon âme, prête l'oreille: n'entends-tu pas dans le lointain comme le premier murmure qui annonce l'arrivée de l'Epoux ? Encore un moment, et tu le verras; encore un moment, et rien jamais ne pourra te séparer de lui.