L'Imitation de Jésus-Christ |
Traduction de Lamennais |
L'homme né de la femme, vit peu de jours, et il est rassasié d'angoisses. Voilà notre destinée telle que le péché l'a faite. Ecoutez les gémissements de l 'humanité entière, dont Job était la figure: "Périsse le jour où je suis né, et la nuit où il fut dit: Un homme a été conçu ! Pourquoi ne suis-je pas mort dans le sein de ma mère, ou n'ai-je pas péri en en sortant ? Pourquoi m'a-t-elle reçu sur ses genoux, et allaité de ses mamelles ? Maintenant je dormirais en silence, et je reposerais dans mon sommeil."Mais déjà sur cette grande misère se levait l'aurore d'une grande espérance: "Je sais que mon Rédempteur est vivant, et que je serai de nouveau revêtu de ma chair, et dans ma chair je verrai mon Dieu : je le verrai et mes yeux le contempleront." Dès lors, tout change : ces douleurs, auparavant sans consolation, unies à celles du Rédempteur, ne sont plus qu'une expiation nécessaire, une épreuve de justice et de miséricorde, une semence d'éternelles joies. Le Christ, en mourant, a ouvert le ciel à l'homme déchu, qui pour unique grâce demandait à la terre un tombeau.
Et nous nous plaindrions des souffrances auxquelles Dieu réserve un tel prix ! Et le murmure serait sur nos lèvres, lorsque, par les tribulations, Jésus-Christ daigne nous associer aux mérites de son sacrifice ! C'en est fait, Seigneur, je reconnais mon aveuglement, mon ingratitude, et je ne veux plus désirer ici-bas que d'avoir part à votre passion, afin de participer un jour à votre gloire.