L'Imitation de Jésus-Christ

Traduction de Lamennais
Réflexion de Lamennais - Livre 3, Chapitre 50
Dieu permet que notre âme soit quelquefois comme abandonnée. Nulle consolation, nulle lumière; mais de toutes parts des épreuves, des tentations, des angoisses; elle se croit près d'y succomber, parce qu'elle n'aperçoit plus le bras qui la soutient. Que faire alors ? Dire comme Jésus: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous délaissé ? Et cependant demeurez en paix dans la souffrance et dans les ténèbres jusqu'à ce que les ombres déclinent, et que nous découvrions l'aurore d'un jour nouveau.

Cet état est le plus grand exercice de la foi, et c'est pour l'âme une image de la mort; froide, sans mouvement, insensible en apparence, elle est comme enfermée dans le tombeau, et ne tient plus, ce semble, à Dieu que par une volonté languissante dont elle n'est pas même assurée. Oh ! que de grâces sont le fruit de cette agonie, supportée avec une humble patience ! Oh ! que de péchés rachète cette passion !

C'est alors que s'achève en nous le mystère du salut, et que nous devenons véritablement conformes à Jésus, pourvu qu'avec une foi sincère, inébranlable, nous ne cessions de répéter cette parole de résignation: Oui, mon Père, j'accepte ce calice; je veux l'épuiser jusqu'à la lie: oui, mon Père, parce qu'il vous a plu ainsi.